Galaxie 064 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Des rêves de guerre, et de la paix qui suit inévitablement. Il y avait eu une cinquième guerre mondiale, puis une sixième. Chaque fois, les antagonistes semblaient s’arrêter juste à la limite de l’extinction totale. Ils finirent par essayer un autre moyen : le combat singulier. Sauvons nos beaux jeunes gens. Envoyons plutôt les chefs d’État se massacrer mutuellement ; peut-être trouveront-ils alors la guerre un peu moins séduisante…

La chair d’Abbott se souvint :

Lorsque le Président de Toutes les Amériques entra dans l’arène, il fut accueilli par des huées et des cris meurtriers. Il traînait son filet barbelé dans la poussière derrière lui, sans prendre garde à la grêle de bidons de glace-feu qui pleuvait des tribunes.

Il marcha au hasard en attendant que son adversaire émerge de son enclos, à l’autre extrémité du terrain de terre battue. Il leva les yeux vers le ciel. C’était une journée glaciale, une sale journée pour une rencontre au sommet. Les banderoles claquaient au vent qui venait de… il estima la direction… de l’est. Il regarda de nouveau vers l’enclos, mais Dimitri Gregorovitch Potamkin, Président de la République Communiste, Khan des États Libres de l’Étoile Rouge Chinoise, Premier de l’Hémisphère du Prolétariat Populaire, était en retard.

Glenn O. Dawzmann, Chef de Toutes les Amériques eut un secret sourire de satisfaction et fit claquer son filet aux mailles d’acier dans un geste de défi en direction des loges de luxe qui, il le savait, avaient fait d’important paris en faveur du Russe. Oui, ce serait une bonne journée pour les articles manufacturés, l’acier, les produits de luxe et les communications. S’il gagnait. Mais il avait confiance. Il croyait les rapports de la CIA qu’il avait reçus à la Maison Blanche le matin même – rapports d’agents qui s’étaient infiltrés au camp d’entraînement de Potamkin, dans l’Oural, et selon lesquels le Russe avait paru en mauvaise forme, coordonnait mal ses mouvements et était hésitant. Oui, ce jour serait une victoire écrasante pour la Démocratie et l’American Way of Life.

Glenn Dawzmann savait que le Ciel était pour lui.

Un rugissement s’éleva des sections prolos.

Potamkin s’avançait dans l’arène, brandissant une épée courte et large et un bouclier de carborundum. Dawzmann sentit sa gorge se serrer et il repensa à son enfance au Texas. Potamkin paraissait en excellente forme. C’était un noir immense ; sa poitrine et son ventre étaient couverts d’une épaisse fourrure noire, et ses dents d’une blancheur éclatante souriaient avec un humour féroce. Avec ses yeux profondément enfoncés, il ressemblait à un abominable yéti.

Dawzmann révisa ses théories sur l’issue de la confrontation. Peut-être serait-ce match nul. Ou même une défaite diplomatique. Toutes les Amériques devraient peut-être renoncer à leurs prétentions sur le Soudan. Peut-être même serait-ce le préambule à de grandioses funérailles : DIEU MEURT DANS L’EXERCICE DE SES FONCTIONS, lut-il en un éclair, seul avec sa peur et son avenir – et il se pourrait que ce fût un très bref avenir.

C’est terrible, la politique, quand on n’est plus jeune.

Il s’accroupit, et Potamkin arriva sur lui.

Il fit tournoyer son filet.

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